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Prologue

mardi 12 octobre 2021, par paracine@erasme.org

Bonjour mon frère, bonjour ma sœur,
Comment va ta douleur ?

Ainsi commence le premier texte de Yaguine et Fodé, chanson de RAP écrite à quatre mains et déclamée à deux voix.
Les deux garçons de 15 ans, ont la vie devant, veulent-ils croire. Et nul, ne peut les en blâmer. On a le droit d’avoir des rêves à leur âge. Peut-être même, qu’on a le devoir d’en avoir.
Alors Yaguine et Fodé rêvent, même les yeux ouverts.
Et les paroles de leurs chansons témoignent de leur être au monde.

Rêver c’est déjà être libre, dit le poète
Mais nous ne faisons pas que rêver tu sais
Nous sommes aussi ce que nous rêvons

Yaguine et Fodé ont pour eux, leur jeunesse insolente, leur assurance naïve et lucide à la fois, leur courage et leur rage de vivre, leur musique et leur sens des mots.
Yaguine et Fodé rappent leur traversée, ils rappent leurs souvenirs, leurs désirs tenus en laisse, leurs révoltes enchainées. Rappent leurs vies, comme pour ne pas les perdre. Ne rien perdre. Ne pas se perdre eux-mêmes, en chemin.
La route est longue, qui mène à soi, encore plus longue qui mène au songe porté. Reporté. Déporté dans le champ du réel.
Le camp de l’existence. Hors-chant.
Yaguine et Fodé ont contre eux, la géopolitique sans poésie du monde, ses frontières et ses barbelés, ses murs qui ne tombent pas, le racisme et la violence des hommes.
Yaguine et Fodé courent.
Contre la montre, qui indique l’heure de l’humanité.
En retard sur la vie.
Ils doivent courir.
Encore.
Toujours.
Parfois, pour ne pas mourir.
Ils doivent courir.
Pour pouvoir vivre.
Vivre juste, à la verticale du songe.
Dans la dignité des jours.
La liberté de conscience.
La liberté d’aller et venir, partir et revenir, devenir.
Aller voir ailleurs, si on y est.
S’y trouver, y rester, ou repartir.
Ailleurs, ici là-bas, partout.
Au cœur du village planète terre.
A muna la terre est un village.
Ainsi parlait Sita, grand-mère veilleuse.
Et elle ajoutait ceci, à l’attention des sceptiques.
Quand un enfant naît, ne dit-on pas qu’il vient au monde, sans rien préciser, du pays, de la ville, du continent de sa naissance ? Les enfants viennent au monde, a muna. Au monde.
Tu es du monde. De partout. Et de nulle part. D’ici et d’ailleurs, et de là-bas plus loin plus près, aussi.
Sita avait raison.
Yaguine et Fodé sont des enfants du monde.
Des enfants qui courent.
Contre la montre qui indique l’heure.
De l’humanité, en retard.
Sur la vie.

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